|
CHIFFALO, petit coin de Sicile
qui
baigne dans l'or et
la lumiére de cette côte d'Afrique (2) |
| La communauté
arabe comprend une cinquantaine de familles. Elle est installée à 200 m de la
dernière habitation qui fait partie des douze maisons de «derrière l'école». Les
Chiffalotains formaient une communauté très particulariste. Loin de leur île,
ils conservaient cependant jalousement leurs coutumes sur la terre africaine. Lucien
Patania nous rappelle que l'une de leurs fiertés consistait à bien marier leurs
enfants. Les mariages donnaient lieu à des pratiques originales. Les familles,
même les plus humbles, n'hésitaient pas à s'endetter pour un mariage conforme
aux traditions. Les filles étaient toujours pourvues d'un trousseau complet, préparé
pièce par pièce, longtemps à l'avance, trousseau exposé à la curiosité du village.
Elles devaient, par ailleurs, apporter en principe une maison dans la corbeille
de mariage. Les cérémonies religieuses se déroulaient en grande pompe. L'hôtel
Alexis, à Casti Plage, accueillait la suite fastueuse des familles et les nombreux
proches invités. Ce village, exclusivement habité par des pêcheurs étaient
bien connu pour sa dévotion à la vierge. Il faut rap peler la belle cérémonie
de l'immersion de «Notre-Dame-de-le-Mer» dans une grotte, première chapelle sous-marine
en Algérie qui abrite la statue, par dix mètres de fond, cérémonie qui eut lieu
le 22 août 1954 sous la présidence de l'Archevêque d'Alger, en présence des
autorités civiles et maritimes, de nombreuses personnalités politiques...en mer,
remorqueurs, vedettes, chalutiers, bateaux de pêche et de plaisance... et surtout
grâce à la courageuse volonté des chasseurs sous-marins de Fort-de-l'eau. Un
musulman déclara à cette occasion : « Si je suis ici
aujourd'hui, c'est d'abord parce que Marie (Merryem), la mère de Jésus (Sidna
Aïssa) est reconnue dans notre religion comme au-dessus de toute les femmes et
que nos filles portent ce prénom...si je suis ici, c'est aussi parce que vous
êtes mes frères qui défendez des principes de morale et de religion»
( Algérie Maritime de sept. 1954). Détail émouvant
: « De nos jours, deux anciens pêcheurs chiffalotains ont
appris que, chaque année des touristes français, adeptes de la pêche sous-marine,
nettoient la Vierge qui brille, toujours aussi belle, dans les eaux chiffalotaines». Chiffalo
était le centre qui fournissait de solides recrues à l'Olympique du Littoral (L'OL)
qui regroupait les meilleurs joueurs de football de Castiglione, Chiffalo,
Bou-Haroun. L'une d'elles : Fanfan Mercurio se révéla le meilleur attaquant
de la région. C'était encore une localité où la pratique du jeu de boules occupait
les quelques loisirs des pêcheurs. Une fameuse triplette faisait les beaux jours
des organisateurs de concours de boules des environs. Son chef de file, Allegreto,
dit «Canard», poissonnier, tieur très adroit et fin tacticien, régnait sur un
étonnant duo : le pointeur «Simin», malmené par la nature, tout en contorsions,
comédien achevé, et le milieu Macaluso, dit «Macalous» lui aussi poissonnier,
figure emblématique de Chiffalo. Dès que cette triplette burlesque figurait dans
un concours, sur les stades, les places, les allées, les spectateurs accouraient
en masse applaudir à ses exploits. Au cours des parties, se déroulait alors un
manège digne de la commedia dell'arte : «Canard» feignait de ser monner Simin
pour une boule manquée, l'accusant de précipitation et de maladresse... Celui-ci,
en cachette, lui adressait force grimaces et singeries, pendant que Macalous (qui
en rajoutait) pestait contre ses deux partenaires qui n'arrêtaient pas de s'apostropher.
La galerie, «aux anges», se tordait ! Photo
A: La triplette de 1959, Photo B: L'équipe de Foot,
le ROC de Chiffalo, Photos C,D,E,F,G: Après l'Indépendance: La place, Ruine de la ville, Désolation
de l'Usine Papa Falcone, Abondon du port, Délabraement de notre école L'équipe
adverse, même supérieure, tombait souvent dans le panneau et finissait par perdre
sa oncentration, à la plus grande joie de Simin qui redoublait de contorsions
et de grimaces. Hypocritement, Macalous s'indignait de ses facéties...Finalement,
«Canard» sortait, la plupart du temps, vainqueur de ces joutes théâtrales ! Cette
triplette représentera l'Algérie, à Marseille, au «Championnat de France au jeu
Provençal». Mais Chiffalo avait de la ressource, une autre triplette composée
de Erasme Lucca, Jean Allegretto et toujours Macalous devinrent champion de
l'algérois en 1959 et participèrent au championnat de France à Perpignan toujours
en 1959. Cette
triplette représentera l'Algérie, à Marseille, au «Championnat de France au jeu
Provençal». Mais Chiffalo avait de la ressource, une autre triplette composée
de Erasme Lucca, Jean Allegretto et toujours Macalous devinrent champion de l'algérois
en 1959 et participèrent au championnat de France à Perpignan toujours en 1959. |  | Qu'il faisait bon vivre à Chiffalo
! Adieu Chiffalo ! J-ML Crédit
Magazine: Pieds Noirs d'Hier et d'Aujourd'hui Pour : abonnements
ou renseignements BP: 305 83187 Six Fours Cedex Tél: (33) 04 94 07 59
07 Fax (33) 04 94 25 73 18 -
La phrase citée en titre est tirée d'un vers du poème « Mirage» extrait de « Le
Bruit du silence» de Rosé-Claude Mercurio-Baysset. -
Deux ouvrages recommandés : Lucien Patanîa
«Chronique d'un Itinéraire Singulier» chez l'auteur Lucien Patania St-James
bât D 1005 Rocade Font de Fillo! - 83140 Six-Fours-les-plages au prix, port compris,
de 125 F. et Joane de Céfalu « Adieu Chiffalo,
Village français d'Algérie» chez François-Jean Lucca Mas Ludachrije - 3,
allée de l'Amélo - 13470 Camoux-en-Provence au prix, port compris, de 23 €
|